Un frein à l’inclusion sociale et professionnelle

La lutte contre l’illectronisme est au cœur de nombreux dispositifs et de certaines formations de l’AMAFAR-EPE
Mais qu’entend-on par illectronisme ? Qui est concerné ?

L’illectronisme (contraction des mots illettrisme et électronique) se définit comme l’état d’une personne qui ne maîtrise pas les compétences nécessaires à l’utilisation et à la création des ressources numériques. On distingue dans l’illectronisme les lacunes liées à l’utilisation des outils numériques (ordinateurs, smartphones, etc.) et celles liées à l’usage des contenus disponibles sur Internet comme remplir un formulaire en ligne, ou acheter sur un site Web par exemple.

Or l’accès au numérique est aujourd’hui plus que jamais indispensable dans nos vies quotidiennes, pour prendre rendez-vous chez le médecin, réaliser de nombreuses démarches administratives ou même rechercher un emploi.
« Lorsque je me présente à l’accueil de certaines administrations, on me répond d’envoyer mes justificatifs par mail, ou de remplir les formulaires en ligne. Mais je n’ai pas d’ordinateur à la maison et, de toute façon, je ne sais pas comment faire. Généralement mon fils m’aide mais il n’est pas toujours disponible » constate Laurence, pétillante sexagénaire.

Plus de 15 % de personnes en situation d’illectronisme en France.

La dernière étude de l’INSEE sur le sujet date de 2021. Publiée en juin 2023, elle constate que 15,4 % des personnes de 15 ans ou plus résidant en France sont en situation d’illectronisme : 13,9 % n’ont pas utilisé Internet au cours des trois derniers mois et 1,5 % l’ont utilisé mais ne possèdent pas les compétences numériques de base.
L’illectronisme s’accroît nettement avec l’âge et est plus répandu parmi les personnes les plus modestes. En outre, 28 % des usagers d’Internet ont des capacités numériques faibles, c’est‑à‑dire qu’ils manquent de compétences dans un, deux ou trois domaines parmi les cinq que sont la recherche d’information, la communication en ligne, l’utilisation de logiciels, la protection de la vie privée et la résolution de problèmes en ligne.
La protection de la vie privée est le domaine de compétences le moins maîtrisé, tandis que presque tous les internautes savent communiquer par Internet.

Sur notre territoire, on estime qu’un Réunionnais sur 4 serait en situation d’illectronisme.
Les plus âgés sont les plus éloignés du numérique, en lien notamment avec un niveau de diplôme assez bas. Mais les plus jeunes sont également concernés : tous naviguent sans difficulté sur les réseaux sociaux mais beaucoup peinent à réaliser leurs démarches en ligne.
Selon l’INSEE « le manque de compétences et les coûts d’accès élevés sont les freins les plus cités, mais les habitants des « Hauts » sont également pénalisés par une couverture numérique encore insuffisante. L’accès à l’emploi, qui favorise l’usage d’internet, est aussi un frein à La Réunion où le taux de chômage est élevé ».

 


Des solutions pour chacun

A la Réunion, plusieurs associations proposent aujourd’hui des ateliers pour aider les personnes en situation d’illectronisme et les accompagner dans l’apprentissage du numérique.

Ainsi l’AMAFAR-EPE a par exemple mis en place le dispositif FAMILIRE qui propose d’accompagner des jeunes parents vers la littératie et le numérique à travers une approche centrée sur la parentalité, mais également le dispositif KONEKT@NOU à destination des séniors. Par le biais du dispositif PASS NUMÉRIQUE, l’AMAFAR-EPE est aussi une structure labélisée par la Région Réunion pour l’accompagnement du public en situation d’illectronisme vers l’utilisation du numérique.

Les formations Préqualification Multi-métiers et Préqualifications Caisse Adaptée mettent également l’accent sur l’apprentissage du numérique.